Performance multi-médium.
Un peintre, un musicien, une osmose visuelle et sonore.
"Le coup de pinceau a un son.
Le son a une forme.
La forme a une image."
Performance :
C'est une performance de création picturale et sonore en direct dans une
osmose artistique complète. Une oeuvre globale se forgeant par
l'interaction de deux médiums inter-reliés physiquement par des capteurs
et des récepteurs.
Démarche :
Observation de la rencontre et de l'interaction possible du "High-tech" et du "Low-tech"Le "High-tech" est ici évidemment représenté par l'électro-acoustique. Le "Low-tech", ce sont les pinceaux et la toile de lin.
Nous
avançons inexorablement dans un monde "High-tech" pour, en grande
partie, de bonnes raisons. Parallèlement à cela, il y a un mouvement,
une conscience, une réaction, un désir de retour vers une approche plus
"Low-tech" de notre environnement et de notre quotidien. Le "High-tech"
et le "Low-tech" sont-ils de deux façons d'appréhender notre manière de
vivre? Faut-il choisir son camp? Faut-il d’ailleurs inéluctablement
compartimenter nos modes de fonctionnement, classifier et étiqueter ce
que nous sommes selon ce que nous employons comme forme de
fonctionnement?
Cette performance tente de démontrer
que non seulement ces deux univers peuvent co-exister, mais ils peuvent
se fondre en un mouvement enrichit de l'un et de l'autre en
décloisonnant l'un et l'autre par cette inter-relation physique et
créative.
Sous-démarche :
C'est
une sorte de métissage artistique basé sur l'interactivité de deux
formes d'art complètement différentes de prime abord, mais qui sont
fondamentalement jumelles dans leur processus créatif. La musique, tout
comme la peinture, se travaille par couches successives et par la mise
en place dans un espace, qu'il soit bi ou multi-dimensionnel, d'éléments
distincts qui forment un ensemble dans une recherche constante
d'équilibre.
Habituellement,
un peintre tente de commencer, modeler et finaliser une image, or ici,
il se peut que cette dernière change radicalement durant le processus.
Il en est de même pour le musicien qui d'ordinaire tente de structurer
et composer une pièce selon des préceptes identifiables.
Mais
ici, dans le cadre de cette performance, il y a une part d'inconnu dans
ce qui va se passer durant le processus. L'empirisme même de
l'expérience peut générer des surprises, autant du point de vue du
peintre que du musicien. C'est un décloisonnement du modus operandi
artistique individuel qui oblige chaque artiste à explorer et découvrir
son art appliqué sur une toute autre forme créative. Cela va au-delà
de la simple performance d'improvisation où d'ordinaire on se base sur
ses outils, son expérience et ses références premières afin de, malgré
tout, contrôler la situation. Ici, les deux artistes devront se laisser
aller et se libérer de leurs réflexes créatifs. La part de risque est
plus grande.
Technique :
À l’endos de la toile se trouvent des capteurs, des micros. Le peintre
crée une œuvre. Se faisant, les micros captent le passage du pinceau
sur la toile et les vibrations du canevas selon l'intensité de la
pulsion créative. Les premiers sons ainsi générés sont récupérés par le
musicien qui les module, les transforme et les organise en séquences
afin de former une trame sonore de fond qui lui servira à son tour de
canevas virtuel pour créer une oeuvre musicale. En réciprocité, la
composition musicale va directement influencer la composition
picturale. Il se créer alors une sorte d'effet rétroactif de Larsen
(feedback). On ne sait plus qui influence qui. Les deux oeuvres se
bâtissent par rapport à l'autre pour n'en former qu'une le temps de la
performance.
On tente ainsi de créer une osmose parfaite entre
les deux arts et les deux artistes. L’un n’est plus seulement musicien,
puisqu’il influence directement le geste du peintre. L’autre n’est
plus seulement peintre, puisqu’il génère des sons et des séquences.